Le Contrat territorial d’Accueil et d’Intégration pourrait-il concerner les déboutés du droit d’asile en situation de travailler sur des métiers en tension ?
· 65% de nos entreprises régionales ont des difficultés de recrutement. Les personnes migrantes sont aujourd’hui une ressource importante pour répondre aux besoins des métiers en tension. Les chefs d’entreprise que j’ai rencontrés sont unanimes à ce sujet, sans elles, ils auraient des difficultés à faire tourner leurs usines.
· J’ai participé au séminaire à l’IUT d’Orléans sur le thème : « Accueil et Intégration des étrangers primo-arrivants “. C’était seulement la deuxième fois que les professionnels de notre Région se rencontraient et échangeaient sur cette problématique. Il était évident que cela répondait à une attente, et cela doit être renouvelé, comme vous l’avez souligné.
· Cette journée s’est clôturée par la signature du Contrat Territorial d’Accueil et d’Intégration (CTAI) des étrangers primo-arrivants de la Région Centre Val de Loire, contrat entre l’État et la Région, le premier du genre.
J’ai relevé deux éléments soulignés par de nombreux participants :
· L’apprentissage du français reste la clé de voûte de l’intégration par le travail, et l’offre reste insuffisante ou parfois difficile d’accès. Comme vous l’avez dit, mais il ne faut pas que cela reste au stade de l’intention, il serait nécessaire enfin de s’assurer que les formations linguistiques pour lesquels des budgets importants sont accordés soient bien en adéquation avec l’objectif de recherche d’intégration et de recherche d’emploi.
· La difficulté d’avoir parfois des informations claires et actualisées sur le cadre et les conditions des formations, notamment depuis l’arrivée des Ukrainiens.
· Ce CTAI, cette coordination, est donc nécessaire sur plusieurs plans et commence à avoir des effets positifs notamment par la mise en place des DÉFI, ces formations au plus près des besoins des entreprises qui devraient se multiplier. J’ai participé à la signature d’un DEFI, et pu constater que les candidats, très appréciés par les entreprises, étaient essentiellement des personnes migrantes, en séjour régulier.
· Il reste les déboutés du droit d’asile qui sont les cailloux dans nos chaussures, en ce sens que ce sont des milliers de personnes qui sont parfois dans des hébergements d’urgence sans moyen de subsistance, que nous ne voulons pas voir et qui sont pourtant parmi nous. Qui voudraient bien travailler mais pour décrocher un contrat, il faut des papiers, et pour être régularisés il faut un contrat, et on tourne en rond, et cela peut durer des mois et des années, alors que nous avons besoin d’eux.
· Je connais bien la situation pour m’occuper de plusieurs dossiers de cette nature, et je ne peux que constater qu’une promesse d’embauche même très sérieuse et garantie par une élue comme moi ne suffit pas à faire aboutir la demande de régularisation. Ce problème est national. Aussi je verrai bien que l’on mette en place une sorte d’autorisation provisoire de travail, lorsqu’il y a une promesse d’embauche, avec vérification au bout de 6 mois puis un an avant une régularisation plus durable. Peut-être pourrions-nous intégrer cela au CTAI ou au contrat quadripartite que nous examinons, en proposant aux partenaires d’être une région expérimentale pour tester une démarche en ce sens, étant donné les besoins en main d’œuvre que nous connaissons.
· Pour finir : les Maisons de la Région que l’on inaugure actuellement, j’étais à celle de Bourges, bel outil pour travailler en synergie et gagner en efficacité, devraient peut-être aussi accueillir un guichet unique « étrangers » pour permettre ainsi cette coordination dans les départements, au plus près des situations, et orienter rapidement les migrants qui ont déjà un bagage professionnel, parfois de haut niveau.