C’est ce que j’ai entendu l’ambassadrice de France, Anne Grillo, nous dire lors d’une rencontre à la magnifique Résidence des Pins, à Beyrouth, ce 30 juin. Ce n’est pas un pays en faillite, l’argent circule, mais c’est un pays dont l’État a échoué à protéger ces concitoyens. Il fonctionne à la façon d’un État mafieux, avec de nombreuses familles mafieuses qui se partagent le territoire. Et la corruption est devenue un mode de vie, une forme de normalité. Beaucoup en souffrent et espèrent une solution miracle venue d’ailleurs.
Mais le Liban n’intéresse plus personne, et pour cause, il finit par ne plus intéresser les Libanais eux-mêmes. Les jeunes qui quittent le pays jurent de ne plus jamais y revenir, alors que le Libanais était connu pour sa nostalgie du pays.
La région bouge, de nouvelles alliances se produisent, même l’Arabie Saoudite se modernise, mais le Liban, lui, s’enfonce. Une amie me disait que sa retraite, versée en livres libanaises, équivalait 2500 euros, il y a deux ans. Elle ne vaut plus que 40 euros avec la dévaluation record de la monnaie locale. Même pas de quoi remplir sa voiture d’essence… Sans la diaspora, où en serait ce pays ?
Les réfugiés syriens qui n’en finissent pas de retourner chez eux sont les boucs émissaires du mal-être de la population. Il faut reconnaitre que les voir toucher des aides en dollars et une assistance médicale met en rage ceux dont les revenus ont fondu comme neige au soleil. Mais il serait injuste de penser que leur départ règlerait les problèmes du Liban et des Libanais.
L’avenir du Liban ne peut passer que par un électrochoc qui entraînerait une union nationale, une réelle volonté de travailler ensemble pour le bien commun. Mais d’où viendrait cette volonté ? De la nouvelle génération si on lui en donne la possibilité, la place, les moyens d’agir ? C’est ce qu’il faut espérer. En attendant, les Libanais vivent comme ils peuvent, grâce à leur créativité et leur sens de la débrouillardise, et leurs parents à l’étranger.